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I wasn't born to follow...
2 mars 2008

Villa Vortex

2070752445 "Villa Vortex" de Maurice Dantec Bon pour ceux qui ne connaitrait pas encore Dantec, c'est un ecrivain français qui a commencé dans le polar (La sirène rouge, adapté au cinéma avec Jean Marc Barre) et qui désormais continue dans une veine plus SF (son dernier bouquin est sorti y'a pas longtemps). J'avais lu Babylon Babies (l'histoire d'un mercenaire engagé par un mafieu pour escorter une jeune fille porteuse d'un virus censé detruire l'humanité) et ca avait été un assez bon roman, dans une veine cyberpunk bien barré. Dans Villa Vortex,difficile de savoir de quoi ca traite en lisant la quatrième de couverture puisque il ne s'agit que d'un court extrait du roman, incompréhensible échappé de son contexte...donc décider de s'atteler à la lecture de Villa Vortex sans savoir au préalable le sujet est un risque majeur...un risque que j'ai pris. Villa Vortex ce n'est pas un roman, c'est deux romans, imbriqués l'un dans l'autre à travers plus de 800 pages; le 1er est un techno-polar très bien foutu, dans lequel le narrateur et personnage principal, un flic nommé Kernal traque un "tueur-roboticien" qui prélève des organes sur des jeunes femmes pour les remplacer par des composants technologiques de manière à les rendre à la vie...une traque glauque et angoissante à travers un Paris et ses alentours magistralement décrit, des récits de découvertes de meurtres aussi bien décrites, jamais racolleuses, des rencontres étranges comme celle de Paul Nitzos, artisan de la destruction, qui filme l'explosion d'unsines qu'il doit détruire pour en faire des spectacles sons et lumières...Dantec se paye même le culôt d'écrire un rapport d'autopsie qui confirme son talent dans l'ecriture. L'autre roman c'est la peinture d'un monde démocratique qui s'effondre, notre monde, qui chute lentement, croule sous le banditisme et les complots, un monde voué à la destruction programmée le 11 septembre 2001...et c'est ici que ca coince. Dans la partie thriller intelligent, Dantec est magistral, à la fois dans le fond puisqu'il parvient à être original et inventif sans jamais verser dans l'excès, et dans la forme puisqu'il ne cesse d'expérimenter de nouvelles formes de narration, qu'il s'agisse des descriptions d'un monde complètement industriel, comme du mode de narration-cinématographique qui consiste à décrire le paysage à travers l'oeil de la caméra de Kernal. L'autre partie verse dans le politique et s'avère profondément gonflante, entre le problème des banlieux, le trafic d'arme national, la guerre d'Algérie, les réseaux islamistes...Dantec verse dans l'opinion personelle des crises qui ont traversé la France et parallélement (mais dans une moindre mesure) le monde et le problème c'est qu'on s'en fout royalement, je n'achète pas un roman pour me taper les opinions politiques et sociales de l'auteur, surtout quand ca verse dans des considérations de droite (parfois vraiment à l'excès). Autre problème, l'egocentrisme de Dantec : jamais un auteur français n'a été aussi talentueux, jamais un auteur français n'a été aussi egocentrique, je n'ai jamais vu ça...Dantec se perd dans des phrases archi-longues et compliquées, peuplées de références de toutes sortes (religieuses, philosophiques, métaphisique), à tel point qu'au final, non seulement c'est chiant et on décroche, mais en plus ca ressemble à de la branlette intellectuelle, genre "regarder ce que je sais faire", Dantec se regarde ecrire et étale toute sa culture dans des passages qui au final ne veulent plus rien dire...ce sera d'ailleurs flagrant et à son paroxysme dans la dernière partie, après la mort de Kernal, où Dantec s'amuse tellement à expérimenter dans le fond et la forme et à vouloir jouer aux apprentis philosophes, qu'il en oublie de raconter une histoire, ca ne veut plus dire quoi que ce soit, on pige que dalle, on se fait chier et du coup, ben les 100 dernières pages il peut toujours se torcher avec, puisque ça ne raconte plus rien de compréhensible...c'est bête de gacher son talent ainsi. Je peux comprendre que Dantec adule K.Dick (qui lui aussi peuplait ses romans de références religieuses et philosophiques) mais n'est pas K.Dick qui veut : si l'auteur culte de SF réussissait le même tour de main avec brio, sans que cela paraisse insipide ou egocentrique, ce n'est franchement pas le cas de Dantec.
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